XII. un regard en arrière – 11 mai

Je ne veux pas aujourd’hui faire un pas en avant, mais plutôt regarder en arrière pour situer le point où j’en suis.

Le point où j’en suis dans ce que je pense, sans doute.

Ce que je pense aujourd’hui, au fond c’est ceci : que j’ai été formé par l’enseignement de Lacan à concevoir le sujet comme un manque-à-être, c’est-à-dire non-substantiel. Et, cette pensée, cette conception a des incidences radicales dans  la pratique de la psychanalyse. Et, ce que je pense, c’est que dans le dernier enseignement de Lacan, c’est-à-dire dans ses indications qui deviennent au cours du temps de plus  en plus parcellaires et énigmatiques, qui demandent à y mettre beaucoup du sien, le manque-à-être, la visée du sujet comme manque-à-être, s’évanouit, disparaît.

Et, à la place de cette catégorie ontologique à proprement parler – il y est question d’être -, vient celle du trou.

Qui n’est pas sans rapport avec le manque-à-être et qui pourtant est d’un autre registre que l’ontologie. Et donc, c’est comme ça que je me retrouve obligé à penser le rapport, la filiation et pourtant  la différence entre le manque-à-être et le trou – par quoi Lacan voulait dans son dernier enseignement définir le symbolique lui-même, le définir comme trou.

Et, le fait qu’il ait eu recours au nœud pour représenter ce que j’appellerais (pour m’amuser?) l’état de sa pensée n’a fait que rendre d’autant plus insistant cette catégorie du trou, puisque chacun des ronds de ficelle dont il s’emparait peut être dit, être filé autour d’un trou.

Voilà ce que j’entrevois, au point où j’en suis.

Le renoncement à l’ontologie l’a conduit du manque-à-être au trou.

Et que cela reste à penser.

Et, le point où j’en suis, c’est aussi le point où j’en suis dans ce que je pratique, dans mon exercice de la psychanalyse.

Et là, je vois bien que j’y ai évolué.

Continuer la lecture

« Si je suis de la deuxième génération et mes parents (les survivants) de la première, qu’est-ce qu’il y avait avant ? »

En passant

Je publie ici, avec l’aimable autorisation de son auteur, relu et corrigé par elle, dans le cadre de ma lecture du cours de Jacques-Alain Miller cette année et plus particulièrement de son dernier cours, un article de Rivka Warshawsky publié dans Quarto n° 66  ( Les conditions d’une transmission, novembre 1998) et intitulé « Du zéro au septième million : Israël et l’Holocauste« . Cet article se réfère, entre-autres, à celui de Jacques-Alain Miller, « La suture (éléments de la logique du signifiant)».

DU ZÉRO AU SEPTIÈME MILLION : ISRAËL ET L’HOLOCAUSTE

RIVKA WARSHWAZKY

 

L’Holocauste, hors sens, hors discours, hors temps, hors création. Même Dieu n’est plus le même après Auschwitz. C’est une rupture dans l’existence. Et pour la clinique psychanalytique, la naissance d’une nouvelle forme d’incurable.

Comment l’Holocauste peut-il à la fois être en dehors du temps et constituer un nouveau point de départ pour notre temps ? La pratique de la psychanalyse en Israël révèle d’étranges sauts dans le discours des analysants.

SILENCE

Une analysante demande : « Si je suis de la deuxième génération, et mes parents ( les survivants) de la première, qu’est-ce qu’il y avait avant ? Est-ce que c’était la génération zéro ? Qu’est-ce qu’il y avait avant le zéro? Est-ce que le temps s’est arrêté pour recommencer à nouveau ? Pourquoi est-ce qu’on ne compte pas les générations d’avant la Shoah ? »

Continuer la lecture